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Et si un Trauma était la cause racine de vos problèmes de santé?
Karine D’Oro – 7 minutes de lecture
Claire, 45 ans, cadre dynamique et mère de deux adolescents. Depuis quelques années, elle souffre de migraines chroniques, de digestions perturbées, d’un système immunitaire affaibli—elle cumule angines à répétition, eczéma et fatigue inexpliquée. Parfois, elle se réveille en pleine nuit, le cœur battant, sans savoir pourquoi.
Sous ces symptômes se cache un vieux trauma(s), discret, ignoré, qui n’a jamais été nommé en tant que tel : une enfance marquée par des disputes violentes à la maison, un parent éloigné, ou un sentiment d’abandon émotionnel. Ces traumas, invisibles mais puissants, manifestent aujourd’hui leurs effets dans le corps de Claire. Cet article explore la biologie du trauma c’est à dire comment le traumatisme affecte en priorité les systèmes nerveux et immunitaires créant une panoplie de symptômes des années plus tard mais qui ne sont pas toujours expliqués par la médecine allopathique.
Qu’est-ce qu’un trauma ?
Le trauma n’est pas seulement ce qui nous est arrivé, mais ce qui est resté coincé à l’intérieur de nous.
Il s’agit d’une réponse de survie du corps qui s’est figé lorsqu’il n’a pas pu réagir, fuir ou se protéger.
C’est un peu comme si l’énergie mobilisée pour nous défendre ou prendre nos jambes à notre cou n’avait jamais pu s’évacuer et était resté piégée, affectant notre système nerveux jour après jour.
Il peut se manifester sous différentes formes :
- Trauma aigu : un événement unique et intense, comme un accident ou une agression.
- Trauma complexe : des situations menaçantes répétées, souvent dans l’enfance.
- Micro-traumas : petites blessures émotionnelles récurrentes, comme un manque de soutien ou de reconnaissance.
À l’inverse, un stress passager qui se résout rapidement ne laisse pas de trace durable. Ce qui distingue un trauma, c’est l’incapacité à retrouver l’équilibre après l’événement.
Comment savoir si on a vécu un trauma?
Il existe des signes assez marqués que ce soit au niveau physique ou émotionnel :
- Signes physiques : douleurs chroniques, troubles digestifs, tensions musculaires, fatigue chronique inexpliquée (très fréquente).
- Signes émotionnels : anxiété persistante, irritabilité, hypervigilance, impression « d’être sur le qui-vive », sensation de « ne pas être vraiment là » comme déconnecté de son corps.
Nous n’avons pas toujours conscience qu’un trauma dans l’enfance est à l’origine de certains de nos problèmes de santé. Pour comprendre cela, il faut distinguer la mémoire explicite de la mémoire implicite.
- La Mémoire explicite : ce sont les souvenirs clairs que l’on peut raconter, comme “je me souviens du jour où j’ai vécu…».
La Mémoire implicite : ce sont les traces invisibles, inscrites dans notre corps et notre système nerveux. Elles se traduisent par des impressions, des sensations, des réactions automatiques ou des émotions soudaines… sans souvenir précis pour les expliquer.
C’est pourquoi certaines personnes ne se rappellent pas d’événements marquants, mais vivent encore avec les conséquences physiologiques de ce qui s’est passé des dizaines d’années auparavant.
L’étude ACE et l’impact des traumas sur la santé
Une importante étude a été menée sur plus de 17 000 personnes (l’étude ACE). Cette étude cruciale a mis en évidence un lien entre les traumatismes de l’enfance avec des problèmes de santé et des problèmes sociaux à l’âge adulte.
les 3 catégories de trauma de l’enfance
Elle distingue 3 catégories de traumas répertoriées ci-dessous subis durant l’enfance :
- Trauma par Maltraitance:
- Maltraitance physique: Actions physiques violentes.
- Maltraitance émotionnelle: Comportements verbaux ou psychologiques nuisibles à l’estime de soi.
- Maltraitance sexuelle: Toute forme d’activité sexuelle.
- Trauma par Négligence:
- Négligence physique: Défaut de soins de base comme la nourriture, l’hygiène ou les soins médicaux.
- Négligence émotionnelle: Défaut de soutien émotionnel, d’attention et de réconfort.
- Trauma de Dysfonctionnement familial:
- Violence envers la mère: Présence de violence physique, psychologique ou sexuelle envers la mère de l’enfant.
- Séparation ou divorce des parents: Instabilité familiale due à la séparation ou au divorce des parents.
- Problèmes de santé mentale dans le foyer: Maladie mentale ou troubles psychologiques d’un membre de la famille.
- Consommation ou abus de substances dans le foyer: Problèmes d’alcoolisme ou de toxicomanie d’un membre de la famille.
- Membres de la famille incarcérés: Présence d’un membre de la famille en prison.
Si vous cochez entre 1 et 3 des expériences mentionnées juste au-dessus, votre risque d’avoir un impact sur votre santé est modéré et concerne surtout des troubles tels que l’anxiété, la dépression et des problèmes digestifs.
Si vous cochez plus de 4 expériences mentionnées ci-dessus, vous avez un risque élevé de maladies cardiovasculaires, diabète, maladies auto-immunes, addictions et une expérience de vie réduite.
Quel est le lien entre les traumas et les maladies auto-immunes?
Les résultats de l’ACE Study, complétés par les travaux du Dr Gabor Maté, montrent que les traumas non résolus peuvent altérer profondément notre système immunitaire.
Quand le corps est en stress chronique à cause d’un trauma, il libère en continu des hormones comme le cortisol. Cette activation prolongée, au lieu de protéger l’organisme, finit par dérégler les défenses immunitaires.
Le système immunitaire, désorienté, va alors commencer à attaquer nos propres tissus. C’est ainsi que se développent certaines maladies auto-immunes comme :
- La polyarthrite rhumatoïde
- La sclérose en plaques
- La thyroïdite de Hashimoto
- Le lupus
La régulation du système nerveux est une clé essentielle pour calmer l’inflammation et aider à rétablir l’équilibre immunitaire et aider le corps à retrouver son homéostasie.
Approches pour aborder et libérer un trauma
Les approches somatiques
Ces méthodes travaillent directement sur le corps et le Système Nerveux Autonome (SNA).
Le SNA gère nos fonctions vitales : respiration, digestion, rythme cardiaque. Après un trauma, il peut rester coincé en mode alerte (sympathique) ou mode figé/sidération (vagal dorsal).
Le rôle clé du nerf vague :
Ce nerf, qui relie le cerveau à nos organes, agit comme le chef d’orchestre de la détente et de la récupération.
Quand il est bien régulé, il favorise le calme, la digestion, un sommeil réparateur et une bonne immunité. Beaucoup d’approches visent à activer notre frein vagal pour restaurer l’équilibre.
Méthodes somatiques :
- Somatic Experiencing : libérer en douceur les réflexes de survie bloqués.
- Exercices polyvagaux (Deb Dana, Stephen Porges) : respirations, sons, mouvements oculaires, pour renforcer le nerf vague.
- TRE : induire des tremblements naturels qui évacuent les tensions.
- Munzfloor : mouvements précis pour réorganiser la posture et le tonus musculaire via les fascias.
Hypnose : accéder à l’inconscient pour relâcher les schémas corporels figés.
Les approches verbales
Si ces approches peuvent aider à comprendre et mettre du sens, elles ne mettent pas l’accent sur le corps qui peut rester coincé dans sa réponse traumatique. Ainsi on peut tout comprendre mentalement notre histoire de vie et nos schémas de fonctionnement, sans pour autant sentir que nous allons mieux.
- Thérapies cognitivo-comportementales (TCC) : identifier et transformer les pensées négatives.
Psychothérapie humaniste : explorer et exprimer les émotions dans un espace sécurisé.
Claire est loin d’être la seule dans ce cas là. Un mal-être diffus, des symptômes divers sans raison apparente, une facilité à se sentir débordée émotionnellement sont la signature de traumatismes vécus dans l’enfance.
Ce que nous appelons trauma peut être ancien, silencieux et non reconnu par la personne elle-même comme étant un trauma. Ce qui n’a pu pas s’exprimer à l’époque s’imprime dans le corps, dans le système nerveux et s’exprime aujourd’hui par des troubles symptomatiques pas toujours compris par la médecine allopathique.
Seule une approche globale corps-esprit, une compréhension du fonctionnement de son système nerveux associée à des exercices somatiques faisant appel à la régulation du système neveux permet d’aller vers un réel mieux-être.
En engageant le corps, en apaisant le système nerveux par le renforcement du nerf vague, en stimulant la résilience, il est possible de progressivement retrouver sa vitalité, sa sérénité, son équilibre immunitaire et émotionnel.
Tout ce que vous n’exprimez pas s’imprime dans votre corps. Agir aujourd’hui, c’est offrir à votre corps et à votre esprit la possibilité de se réaccorder à la vie.
Envie d’un accompagnement qui respecte votre rythme et votre corps ? Prenez soin de vous dès maintenant.
Références
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